23-07-2025
- Politics
- Le HuffPost France
Macron et Merz s'affichent en alliés face aux droits de douane de Trump, mais patinent sur le reste
INTERNATIONAL - Couple uni, mais sur courant alternatif. Les d roits de douane que Donald Trump souhaite imposer aux membres de l'UE ont permis ce mercredi 23 juillet de former un couple franco-allemand relativement au diapason à l'occasion d'une rencontre entre Emmanuel Macron et son homologue allemand Friedrich Merz. Mais tout n'est pas rose entre Paris et Berlin.
Rénuis ce mercredi à l'occasion d'un dîner de travail dans le nord de la capitale allemande, le chef d'État français et le chancelier conservateur allemand ont clairement affiché un front uni dans la réponse à Washington. Car le plat de résistance de cette rencontre était sans aucun doute les difficiles négociations commerciales avec l'administration du président américain.
Dans ce contexte, « le moment ne saurait être mieux choisi » pour évoquer cette question, a souligné Friedrich Merz, selon qui « des décisions » imminentes pourraient être prises entre le négociateur en chef de l'Union européenne, Maros Sefcovic, qui défend la position des 27 membres de l'Union, et ses interlocuteurs américains.
Sur ces questions commerciales, « nous avons été en contact permanent (...) avec nos autres collègues européens et avec la présidente de la Commission européenne pour suivre, impulser, coordonner notre réponse aujourd'hui à l'offensive tarifaire qui a été lancée », a renchéri Emmanuel Macron. Ce dernier a également insisté −sous l'oeil attentif de Friedrich Merz − sur leur volonté commune « de donner de la stabilité et d'avoir les tarifs les plus bas possibles, mais également, évidemment, d'être respectés comme des partenaires que nous sommes ».
Deux voix presque parfaitement unies alors que Paris prône « une position de fermeté » face à l'intransigeance de Washington qui menace l'UE de surtaxes douanières de 30% au 1er août. Tandis que Berlin a régulièrement plaidé pour une approche « pragmatique », offrant des concessions pour sauver des secteurs-clés de son industrie exportatrice, dont les Etats-Unis sont le premier client. Malgré des approches et des enjeux différents, Berlin affirme soutenir les mesures de représailles préparées par la Commission pour faire pression Washington.
Raison pour laquelle l'Elysée s'est félicité ce mercredi que ce rendez-vous illustre « la relance de la relation franco-allemande », après la récente arrivée du conservateur Friedrich Merz à la chancellerie.
Des sujets (encore) à aplanir
Sur le reste des dossiers au menu de cette rencontre, la digestion sera sans doute plus complexe. À l'instar des discussions qui s'annoncent bien plus compliquées sur l'avion de combat du futur (Scaf), projet phare pour la défense du continent, dont le développement patine, alors que Paris et Berlin se posent en nations motrices du réarmement de l'Europe.
Le groupe aéronautique Dassault, qui représente la France dans ce projet, a clairement mis en doute son avenir et sa viabilité alors qu'il est encore loin de toute phase de prototype. Côté allemand, le projet est porté par Airbus via sa branche Defense and Space. Objet de difficultés récurrentes sur la répartition des tâches entre chaque pays, le Scaf a besoin d'un « vrai leader » industriel et non de « trois 'co-co-co' » partenaires, a déclaré mardi Eric Trappier, le PDG de Dassault.
De son côté, Friedrich Merz insiste sur la nécessité de « respecter les accord conclus », tout en se montrant optimiste sur la possibilité de rapidement éliminer les « divergences » avec la France. Pour aller au-delà de ses difficultés, les ministres de la Défense des deux pays se rencontreront en Allemagne jeudi avant un Conseil des ministres franco-allemand prévu pour la fin du mois d'août en France, à Toulon, dont la rade abrite une des deux grandes bases navales françaises.
Autre dossier complexe entre les deux hommes : leurs divergences sur la politique énergétique. Un sujet qui les divise de longue date, même si des rapprochements sont quand même esquissés. La France insiste particulièrement sur le concept de « neutralité technologique » pour que le nucléaire fasse l'objet d'un traitement similaire à celui des énergies renouvelables dans la législation européenne. Sauf que le classement du nucléaire en énergie « verte » au niveau de l'UE a été par le passé un point de désaccord majeur entre Français et Allemands.